République démocratique du Congo
La RDC, le second pays africain en termes de superficie, est plein de paradoxes. D’un côte, il abonde en richesses naturelles (cobalt, cuivre, pétrole, diamants, or…) ; de l’autre, ses habitants sont parmi les nations les plus pauvres du monde. Depuis des décennies, la RDC est plongée dans des conflits à répétition qui sont à l’origine de l’une des crises humanitaires les plus importantes dans le monde.
Infos clés :
- 77% de la population du pays vit dans une pauvreté extrême avec moins d’1,90 dollar par jour
- 16% de la population du pays, ce qui donne environ 13 millions d’individus, a besoin d’aide humanitaire urgente
- 13,6 millions de Congolais n’ont pas d’accès aux sources d’eau potable ni aux équipements sanitaires de base
- toute la RDC est parsemé de sources de maladies mortelles telles que la rougeole, le paludisme, le choléra ou le virus Ebola
- environ 10% de tous les cas mortels du paludisme en Afrique subsaharienne ont été enregistrés en RDC
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04.04.2019
La prise en charge des patients touchés de troubles psychiques représente un gors défi pour notre personnel médical à Ntamugenga. Certes, tous nos médecins avaient suivi un cours de psychiatrie lors de leurs études, mais après tout ils ne sont pas psychiatres. Néanmoins, ils sont tous très attentifs à la question de la santé mentale et ils ne cessent pas d’approfondir leurs connaissances sachant qu’ils sont les seuls professionnels de santé compétents dans toute la région. Imaginez-vous que, statistiquement parlant, en RDC, il n’y a qu’un seul psychiatre pour un million d’habitants ! En guise de comparaison, en Pologne, où l’on se plaigne souvent du manque de psychiatres par rapport aux besoins, il y en a environ 90 sur un 1 de citoyens. Et avec de telles statistiques, nous sommes l’un des bonnets d’âne européens. En RDC, les malades mentaux ont donc de gros soucis à se faire. Et, comme vous le savez déjà, si dans le Nord-Kivu on a de gros soucis à se faire, très souvent on finit par frapper à la porte de notre établissement de Ntamugenga. Certains de nos patients sont prêts à parcourir des dizaines de kilomètres pour à pied pour se faire soigner par notre personnel.
Pour l’instant, nous avons aidé une vingtaine de patients touchés de troubles psychiques. Certains cas sont pris en charge en coopération avec un cabinet psychiatrique de Goma. Nous avons de la chance, parce que le spécialiste le plus proche de notre hôpital n’est basé « qu »’à soixante-dix kilomètres de l’hôpital. Cela dit, nous cherchons surtout à coopérer avec la famille du malade et à bien choisir les médicaments nécessaires. À ce titre, il est important d’expliquer qu’il y a encore quelques années on conduisait presque tous les malades mentaux dans des « nyumba ya maombi » – maisons de la prière – où l’on dansait et chantait avec l’accompagnement d’hochets et d’autres crécelles dans l’espoir d’expulser les mauvais esprits du corps du malade. Comme vous vous en doutez, l’état des patients n’évoluait jamais, du moins pas positivement…
Heureusement, depuis plusieurs années la population locale constate l’amélioration de l’état de leurs proches pris en charge par notre établissement. En gagnant plus ou moins péniblement leur confiance, nous contribuons à ce que les marabouts locaux aient moins de boulot et que les malades puissent réellement envisager de surmonter leurs troubles.
Faites connaissance de Patrick. Il avait été admis chez nous il y a quelques semaines, conduit à Ntamugenga par ses voisins. D’abord, il était très réticent, mais les villageois étaient très déterminés. Ils souhaitaient à tout prix l’aider à contrôler ses explosions d’agression quotidiennes. Si nous avions rapidement réussi à calmer le jeune homme, il était clair pour nous que pour l’aider dans la durée, nous avions besoin du savoir-faire spécialisé. Nous avons alors conduit notre patient à Goma où il a suivi un traitement psychiatrique d’un mois, financé comme vous vous en doutez de vos contributions. Après son retour, Patrick est resté encore deux semaines en observation à Ntamugenga avant de regagner son village natal. Désormais, il vient régulièrement chez nous, accompagné toujours de son père très reconnaissant, pour récupérer ses médocs. (Patrick, c’est ce gars costaud sur la photo en haut de page !).
Et voici Consolate, une autre de nos patientes qui, tant bien que mal, a retrouvé sa santé mentale. Elle n’a eu pratiquement aucune crise de nerfs depuis deux années déjà. Elle passe ses journées à travailler dans les champs et à tisser des tapis. Depuis toujours, elle doit supporter son mari alcoolique. L’année dernière, nous lui avions même offert une cabane en bois pour qu’elle puisse s’y réfugier en cas d’une nouvelle dispute conjugale. Récemment, son époux a malheureusement de nouveau « réussi » à bouleverser son équilibre psychique. Par conséquent, nous avons dû accueillir Consolate chez nous pour l’aider à surmonter une nouvelle crise nerveuse. Désormais, elle est de nouveau en pleine forme.
En profitant de l’occasion, Consolate et Patrick veulent vous remercier du fond de leurs cœurs pour tout le bien reçu de votre part. Ils savent de leur propre expérience que les maladies psychiques peuvent être très destructrices et sont conscients que sans vous et votre générosité, sans notre hôpital, sans nos médecins et nos religieuses, ils ne s’en seraient jamais sortis !