Monsieur Marcel a 85 ans. Pendant le génocide rwandais, il a perdu tout ce qui lui était le plus cher : ses cinq enfants. Il est resté seul avec sa femme, et depuis plusieurs années maintenant, depuis qu’il lutte contre le cancer, ses visites incessantes dans les hôpitaux l’ont forcé à se séparer même d’elle.
Malheureusement, le traitement n’a apporté aucune amélioration. Enfin, déjà dans un état grave, Monsieur Marcel a été amené à notre hospice de Kabuga. Avec des escarres et des difficultés respiratoires, il était incapable de sortir du lit. Après plusieurs semaines sous la garde de notre personnel, M. Marcel a retrouvé ses forces. Sa maladie continue de progresser, mais aujourd’hui, il peut se déplacer seul dans son fauteuil roulant. Il fait des allers-retours quotidiens dans l’hospice, à la recherche de compagnons à qui parler.
Notre patient prend vie lorsque sa femme tout aussi âgée apparaît à la porte de l’hospice. Vous pouvez voir à quel point ils se manquent. Ils adorent se parler et la perte auditive de Marcel ne semble pas du tout les déranger. Quand sa femme demande à son mari de venir avec elle parce qu’il lui manque tellement, M. Marcel lui répond : « Veux-tu rester ici ? Il y a déjà un homme dans ma chambre et il occupe le lit à côté de moi. Mais Sœur Maria te trouvera certainement une place dans une autre pièce et tu pourras être près de moi ». Après un échange prolongé de dialogues et de compliments souvent amusants, la femme s’en va et M. Marcel lui crie : « Reviens au plus vite ma chérie. A plus tard. »
Hier, notre héros a mis tout l’hospice à cran en exigeant que son ancien élève Tom soit appelé au plus vite. « C’est urgent ! Que Sœur Maria le retrouve dès que possible », a-t-il répété. Immédiatement la sœur est venue en courant avec le téléphone. La conversation s’est déroulée ainsi :
« Viens ! J’ai besoin de toi ! » a demandé M. Marcel
« Aujourd’hui, ce n’est pas possible. Les visites à l’hospice sont limitées, vous le savez. Je viendrai dans quelques jours », a expliqué Tom.
« D’ACCORD. Tu n’es pas obligé de venir, mais envoie moi 3.000FRW (3$) »
– « Je dirai à Sœur Maria de vous le donner et je la rembourserai plus tard » suggéra Tom.
Après la conversation, Sœur Maria a donné à M. Marcel les 3 $ promis, demandant curieusement pourquoi il en avait besoin. Avec un calme absolu dans la voix, il expliqua que la nouvelle infirmière de l’hospice vivait dans le même quartier que sa femme. Profitant de la situation, il voulait qu’il lui achète 1 kg de sucre. Il voulait économiser le reste (1,8 $) pour le lui donner plus tard.
Même l’âge et la maladie n’ont pas entamé les plus de soixante ans d’amour et de soins de M. Marcel pour sa femme, même dans une si petite chose que de remplir le sucrier de la maison.
Et c’est exactement ce qu’est notre hospice au Rwanda. Ici, malgré la douleur et la souffrance présentes au quotidien, on vit pleinement jusqu’au bout. Le fait qu’un tel endroit – le seul dans tout le pays – puisse exister, c’est grâce à vous. C’est vous qui donnez espoir et force à nos patients quand tout a perdu de leur sens pour eux. Visitez Bienfaisance24 aujourd’hui et financez au moins une journée de soins palliatifs pour M. Marcel.