« Mange tout, mon petit, maman a déjà mangé quelque chose. Elle n’a pas faim. »
Pour beaucoup d’enfants, le poids de ces mots, prononcés par des mères au sourire triste, ne sera compris qu’à l’âge adulte. C’est le problème mathématique quotidien auquel sont confrontées d’innombrables femmes au Congo : comment répartir un seul repas entre plusieurs personnes, alors qu’il ne suffit même pas à une seule personne ? Ce n’est pas le genre de division enseignée dans les écoles européennes. Nous nous battons pour que ce ne soit pas une division par zéro.
Mais la guerre et la pauvreté se moquent des lois des mathématiques et imposent les leurs. La nourriture est un luxe de paix, quelque chose de plus en plus rare. Quand il y a des combats, la nourriture disparaît. Quand les explosions et les tirs s’arrêtent pendant quelques jours, on joue avec les probabilités : quelles sont les chances qu’un explosif égaré se cache dans le petit champ derrière la maison ? Combien d’entre eux ? Est-ce qu’il va exploser d’un seul pas imprudent ? Qui envoyons-nous sur le terrain : le père, qui est le soutien de famille, la mère qui allaite un enfant ou le fils en âge d’aller à l’école ?
En cette Journée mondiale de l’alimentation, nous utilisons l’addition pour souligner la soustraction. Il est difficile de parler du besoin de nourriture sans souligner son absence. L’accès à la nourriture devrait être une évidence, mais des enfants continuent de mourir de faim, la maladie la plus simple à guérir. Le monde occidental tolère des files interminables d’enfants et d’adolescents qui attendent des boissons sucrées et hors de prix promues par des influenceurs, tout en se détournant d’un enfant qui mendie un bol de porridge de maïs. L’un a eu la chance de naître sur un continent qui lui offre le monde ; l’autre, né en Afrique, est privé du droit d’exister.
C’est pourquoi nous vous invitons à nous rejoindre dans une opération mathématique non conventionnelle : la bonté est l’une des rares choses qui se multiplient lorsqu’elle est partagée. Voyez comment la bonté que vous avez déjà donnée a transformé la vie d’enfants comme Joseph. Allez-vous donner la même chance à d’autres enfants de notre centre de nutrition ?