« Il n’y a pas beaucoup de clients aujourd’hui. Il fait froid et il y a énormément de vent. Tout le monde s’est caché et attend avec sa coupe de cheveux les beaux jours », explique Ramin, que tout le monde dans le camp appelle Mr Barber.
Barber a installé sa boutique dans l’un des conteneurs. Il a recouvert les murs de couvertures thermiques en aluminium. Il a acheté des rasoirs, des teintures capillaires, des shampoings et des revitalisants avec ses dernières économies. Il travaillait en Afghanistan depuis qu’il était enfant. Lorsqu’il est arrivé en Grèce sur un bateau avec sa femme et sa fille de quelques années, son plus gros problème était qu’il ne pouvait pas travailler et s’occuper d’eux.
Finalement, il a pris les choses en main. Il s’est adapté à sa nouvelle réalité et y a trouvé sa place. Il a ouvert un salon de coiffure, car le camp n’y change rien. Ici aussi, chacun veut être soi-même. Veut avoir sa place. Se sentir digne.
« Ma demande d’asile est déjà partie deux fois à la poubelle. À la troisième tentative, nous manquions de fonds et d’un avocat prêt à prendre en charge l’affaire », explique Ramin.
Nous ne promettons rien, mais nous essaierons de l’aider. Nous viendrons demain.
Le lendemain matin nous sommes chez lui avec l’adresse et le numéro de téléphone d’un avocat qui a accepté de nous aider. Ramin avait les larmes aux yeux. Il n’allait nulle part en passant d’une organisation à l’autre. Il espérait qu’ils aideraient. À la fin, il a abandonné. Il est reconnaissant. Mais ‘merci’ ne lui suffit pas. Il nous demande d’attendre. Au bout d’un moment, il revient avec du pain chaud et parfaitement assaisonné. C’est le moins qu’il puisse faire pour nous rendre la pareille.
Nous ne savons pas quel sera le sort de Ramin. Le pire, c’est que lui-même ne le sait pas. Nous croisons les doigts. Mais vu la détermination avec laquelle les gens d’ici sont capables de veiller à un avenir digne pour leurs proches, nous sommes sûrs qu’il réussira.