Personne ne peut dire à une autre personne quel est le sens de la vie et de la souffrance. Chacun de nous doit trouver cette réponse par lui-même et en assumer la responsabilité. Pour répondre à la question posée par Viktor Frankl : « Qu’est-ce qui donne un sens à ma vie ? ». Au Rwanda ou au Congo, peu de gens ont lu son livre à succès, mais pourtant, chacun de nos patients semble comprendre instinctivement ses mots.
Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale des malades, nous réfléchissons profondément à la souffrance et à l’importance de pouvoir vivre la maladie avec dignité.
Emmanuel, un jeune Congolais, a retrouvé le sens de sa vie dans notre hospice rwandais. Il pleurait souvent, son corps ravagé par la douleur du cancer. La chimiothérapie avait échoué contre la maladie implacable qui avait anéanti ses rêves et son avenir. Son père, désespéré et impuissant, a traversé la ville en courant avec une ordonnance, à la recherche d’une pharmacie qui pourrait avoir une seule dose de morphine. Une seule journée sans douleur, c’est tout ce qu’il pouvait offrir à son fils. Et même cela s’est avéré être une lutte.
La douleur vole l’avenir. Elle rend le présent insupportable.
Dès que Sœur Maria a entendu parler d’Emmanuel, elle a agi immédiatement. Même si l’hospice était plein, elle lui a trouvé une chambre. Ne vous laissez pas tromper par le mot hospice, c’est un endroit où la vie se vit jusqu’au bout.
Nous ne pouvons pas vous dire le sens des souffrances d’Emmanuel, mais nous pouvons vous dire le sens de sa vie dans ses derniers jours.
Avec sa première dose d’analgésiques, la faim est venue, et un sourire. Il a été étonné d’apprendre qu’il lui suffisait de demander et, cinq minutes plus tard, une infirmière lui apporterait des œufs brouillés, des fruits et un verre de lait. Un luxe inimaginable pour un enfant du Congo.
Il prenait ses repas sur la terrasse, en contemplant les collines ondulantes. Lorsqu’il s’est senti suffisamment fort, il a rejoint les garçons à l’extérieur pour un match de football, puis a regardé la télévision, ce qu’il n’avait pas fait depuis près d’un an.
Pour la plupart d’entre nous, ce sont des moments ordinaires. Pour un enfant mourant, ils représentent tout.
L’hospice lui a donné la joie de sentir le soleil sur son visage, de nouer de nouvelles amitiés, d’être avec ses proches en paix. De marquer un dernier but sur le terrain. Lorsqu’il a quitté ce monde, ses derniers mots à son père ont été : « Je vois un monde nouveau, un monde nouveau ! ».
Merci de lui avoir offert un voyage digne. Vous avez vu un enfant dans le besoin, pas seulement une statistique. Si vous le pouvez, aidez-nous à soutenir davantage de patients qui s’efforcent de vivre pleinement jusqu’à la fin.