Le Sahara est à la fois beau et rude. Cela force le respect. Les touristes qui la visitent brièvement voient sa beauté mais ne réalisent pas à quel point elle est dure. Pour ceux qui ne connaissent aucun autre climat, la vie ici est plus facile. Ils comprennent qu’on ne discute pas avec le désert. Toute forme de désobéissance entraîne de graves conséquences.
L’esclavage n’a pas besoin de barres ni de chaînes. C’est pour les gens qui connaissent la liberté. Ceux qui vivent ici depuis des générations sont mentalement esclaves, ils héritent de la servitude et craignent la liberté.
Le système des castes est puissant. Cela garantit que chacun dans la société a sa place et remplit son rôle. Il ne faut pas sortir des limites de la position qui lui est assignée, ne pas aspirer au-delà de ce que son statut lui permet.
Je ne sais pas si c’est la dureté du Sahara qui a habitué les gens à cela. Mais je sais qu’un Mauritanien sur cinq est encore esclave. Officiellement aboli en 1981, l’esclavage coule toujours dans les veines de cette nation comme un poison. Cela n’a d’équivalent dans aucun autre pays. Ce n’est qu’en 2007 que le gouvernement mauritanien a reconnu légalement l’esclavage comme un crime, mais ce n’était qu’un geste symbolique. Il est accueilli par un sourire dédaigneux, semblable à une loi imaginaire interdisant de monter à dos d’âne sans ceinture de sécurité.
L’esclavage en Mauritanie est hérité, et il existe toujours une croyance selon laquelle le fait d’être possédé par quelqu’un d’autre ouvre la voie au paradis. Cela n’a pas beaucoup de sens dans le dur Sahara, car l’esclavage n’a tout simplement aucun sens.
L’esclavage est comme le Sahara lui-même. Cela dicte quand et où vous devez aller. En août, le sol mauritanien brûle, ne permettant pas aux gens de vivre là où ils le souhaitent. Ils doivent trouver un endroit et un travail qui leur permettent de survivre, même si cela ne signifie qu’un seul repas par jour. Nous ne pouvons plus changer leur besoin de bouger que nous ne pouvons abroger la dureté du Sahara avec un projet de loi.
Et si on suivait ces gens ? Je les ai suivis partout où ils devaient aller. Nous pourrions les nourrir, les soutenir et les aider non pas en un seul endroit, mais tout au long de leur voyage, et nous pourrions fermement croire qu’un jour ils trouveront leur propre chemin vers la liberté.