Alimata emballe des boules de sumbala vraiment bio dans des sacs en plastique avec des doigts légèrement tremblants. Pour la première fois, le fruit de son travail sera entre les mains de quelqu’un d’autre – rien ne peut s’effondrer. Chaque mouvement de ses mains épuisées porte la tension accumulée au cours des dernières années.
Autrefois, produire des épices pour les vendre dans ces régions du monde difficiles et pauvres aurait été inimaginable. Les familles n’avaient pas assez de nourriture pour elles-mêmes. Aujourd’hui, cet endroit prouve une idée simple : si vous partagez, vous ne manquerez jamais de quoi manger. Chaque jour, nous constatons que ces mots sont vrais.
L’histoire du village de Gourcy est celle des gens, pas des chiffres. Des gens comme Alimata, pour qui chaque boule de sumbala vendue représente l’indépendance, la sécurité et la dignité retrouvée. Le chemin jusqu’à ce jour n’a pas été facile, mais aujourd’hui, elle peut célébrer son succès.
La demande du marché pour des produits de haute qualité est si forte que le premier lot test est vendu en moins d’une journée. La production prend quatre à cinq jours et la demande ne suffit pas. Nous avons donc décidé d’acheter 100 kg de graines de néré, avec lesquelles elle fabriquera d’autres sacs d’épices. Les yeux d’Alimata brillent de la même excitation que celle des enfants le premier jour d’école. Elle sait que ses enfants vivront la même expérience : avec l’argent qu’elle gagnera, elle subviendra aux besoins de sa famille et réinvestira dans d’autres semences. Elle deviendra autonome et n’aura plus besoin de demander de l’aide.
Autrefois village fertile de culture du coton, Gourcy a dû faire face aux conséquences du changement climatique ces dernières décennies : le désert a envahi les champs, privant les agriculteurs de possibilités d’emploi. Pas la volonté de travailler, car elle a toujours été abondante ici. C’est la facture que le Burkina paie pour les actions des pays développés.
Il fallait faire quelque chose. Nous avons commencé par distribuer quatre animaux, un ensemble d’outils et des sacs de graines à planter, que la famille bénéficiaire devait multiplier et transmettre à une autre famille l’année suivante. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement un jardin mais aussi un moulin, un atelier de couture et toute une machinerie pédagogique que vous avez mis en marche avec nous il y a de nombreuses années. Une véritable Bonne Fabrique. Merci d’avoir créé ce lieu spécial avec nous. Qui sait, peut-être qu’un jour les merveilleux produits des femmes de Gourcy atteindront le marché européen ?