« Mon père est mort parce qu’il savait qu’ils le rattraperaient de toute façon. Il ne voulait pas courir. Il n’en avait pas la force. Il a préféré en finir là où tout a commencé. »
Trente ans se sont écoulés depuis le génocide rwandais. M. aime toujours profondément les chiens, même si les chiens sont rarement considérés comme des amis au Rwanda. Elle se souvient seulement de son chien qui attendait fidèlement près du corps de son père déchiré par une haine folle. Aux yeux du chien, l’espoir ne meurt jamais, même lorsque tout le reste est détruit. À ce jour, M. rembourse sa dette de gratitude pour la fidélité des chiens.
Mais tout le monde n’était pas un diable.
« Pendant deux semaines, nous nous cachions avec mes frères dans une maison où vivaient de bonnes personnes. Ils possédaient une petite maison hors des sentiers battus. La nuit, nous sortions respirer l’air frais. Puis un matin, le visage du propriétaire s’est tourné en terreur. Il est venu et nous a dit de courir immédiatement parce qu’ils venaient pour nous. Je n’oublierai jamais d’avoir couru, sautant par-dessus les corps qui tapissaient la route. Nous n’avons pas pleuré sur eux. Nous avons hurlé de peur pour nous-mêmes. »
« Son frère nous a trahis. Après la guerre, je l’ai rencontré en prison. Je travaillais là-bas pour une organisation qui aidait à libérer les jeunes enfants. Je l’ai aussi aidé à survivre derrière les barreaux, car la prison était une torture inhumaine. Vous ne le souhaiteriez pas à votre pire ennemi ; pendant le génocide, il voulait notre mort, mais je n’ai jamais pu lui souhaiter la mort. »
« La justice n’est pas bonne pour tout. Elle est supposée punir.Comment punir les génocidaires ? De la même manière ? Il faut briser ce cercle vicieux. »