Fin 2017, le Bangladesh dut recevoir environ un million de réfugiés Rohingyas qui sont actuellement la minorité ethnique la plus persécutée dans le monde entier. Les Rohingyas durent fuir leurs villages en Birmanie dont les autorités les avaient d’abord privés de tous les droits civiques avant de chercher à les exterminer. Si les autorités birmanes ne laissent pas entrer sur leur territoire aucun observateur indépendant, les images satellitaires ne laissent pas de doutes : des persécutions à grande échelle sont en train d’y avoir lieu. Par conséquent, plus d’un million de Rohingyas est passé de l’autre côté de la frontière pour s’installer au Bangladesh, en fuyant des épurations ethniques et des atrocités qui dépassent tout entendement. Leurs témoignages font glacer le sang dans les veines.
Auparavant, Cox’s Bazar fut la plus importante station balnéaire du Bangladesh, célèbre pour sa plage sableuse, la plus longue du monde. Désormais, la localité s’est transformée en camp de réfugiés le plus peuplé dans l’histoire qui est en train de plonger dans une crise humanitaire sans précédent.
En décembre 2018, nous nous sommes rendus pour la première fois au camp de Cox’s Bazar avec l’idée d’y mettre en place une nouvelle bonne fabrique. On manque de mots pour décrire les conditions de vie de sa population. Ses habitants étant interdits de quitter le camp, ils ne peuvent pas travailler et leurs enfants ne peuvent pas aller à l’école. Les Rohingyas, bien qu’en apparence ils soient en sécurité, sont privés de droits quelconques, n’ayant toujours pas obtenu le statut officiel de réfugiés. L’attitude des autorités est très dynamique étant donné que la population locale manifeste des attitudes plus ou moins ouvertement hostiles à l’égard des nouveaux venus. Les besoins des Rohingyas sont énormes et les nombreux obstacles d’ordre administratif sont loin de nous faciliter la tâche.
Que faisons-nous ?
Projet pour familles
Notre premier objectif est de permettre aux individus ayant été touchés par des atrocités énormes de faire l’expérience de la bonté humaine. En premier lieu, nous souhaitons leur offrir des repas variés et nutritifs et satisfaire leurs besoins les plus pressants en leur offrant des plaids, des tapis de sol pour dormir ou encore du bois de chauffage. Nous donnons notre priorité aux familles particulièrement touchées qui ont échappé à la mort in extremis et qui ont désormais du mal à se retrouver dans l’immensité du camp de Cox’s Bazar. Certes, nous ne sommes pas en mesure d’aider tout le monde ni de leur octroyer des droits ou de leur attribuer une citoyenneté,
Un centre d’accueil pour réfugiés
L’autre objectif que nous avons souhaité réaliser, était de mettre en place une sorte de foyer d’accueil pour enfants où les plus jeunes réfugiés ont pu redevenir de vrais enfants : se reposer, prendre un repas chaud et s’amuser ne serait-ce que pendant quelques instants par jour. Au-delà d’animations et de cours, nous avons sensibilisé nos petits pensionnaires à l’importance de l’hygiène personnelle, nous leur avons expliqué les principes de sécurité nécessaires et leur avons inculqué les droits qui sont les leurs dans le cadre des relations avec les autres individus. En effet, ils étaient censés finir par intérioriser que personne n’a le droit de les maltraiter de quelque manière que ce soit. En plus, pour leurs parents, nous avons proposés des ateliers de parentage positif et les avons sensibilisés aux dangers qui menacent leurs enfants (notamment le trafic des êtres humains ou le travail des mineurs).
Notre centre accueillait 100 personnes jusqu’au premier trimestre 2021, leur offrant une éducation informelle, des cours de couture, un repas et un endroit pour jouer.
Le 22 mars 2021, un gigantesque incendie au campement a complètement consumé notre garderie. Les plans de reconstruction ont été contrecarrés par une nouvelle vague de pandémie, un verrouillage à l’échelle nationale et des changements dans le fonctionnement du camp, interdisant les activités éducatives pour les enfants et les jeunes. Actuellement, notre travail avec les enfants n’est pas possible.