« Aujourd’hui, il doit n’y avoir personne à l’enfer. En effet, tous les diables viennent de débarquer au Rwanda » –commentait il y a 20 ans un prêtre catholique, témoin oculaire du génocide qui ravageait à l’époque ce petit pays montagneux. Génocide qui avait révolté le monde entier et dont les séquelles, telles des épines, blessent toujours les cœurs des Rwandais.
Notre objectif n’est pourtant pas de contempler le mal ni de décrire les circonstances dans lesquelles des millions d’êtres humains ont été privés de leur dignité. Tout ce que nous désirons est d’aider des sœurs religieuses polonaises dans leurs efforts ayant pour but de rendre la dignité perdue à leurs protégés. En effet, depuis plusieurs années déjà, la congrégation polonaise des Sœurs des Anges dirige à Kabuga, à quelques kilomètres de Kigali, un petit hospice de soins palliatifs, le premier et pour l’instant le seul établissement de ce type au Rwanda. L’hospice compte 20 lits et emploie une vingtaine de salariés.
Lorsque j’ai rendu ma première visite aux patients de l’hospice, j’ai immédiatement compris que c’était l’endroit idéal pour mettre en œuvre le mot d’ordre de la Bonne Fabrique : « La meilleure façon de lutter contre le mal est de faire du bien ». Certains malades passent dans l’hospice quelques mois, mais pour la plupart ils meurent quelques jours ou même quelques heures après leur arrivée. Pour nous et nos patients, ces quelques heures-là n’ont pas de prix. En effet, pendant ce temps-là, nous pouvons au moins essayer de libérer les malades des griffes du désespoir et de les convaincre à ne pas perdre l’espoir. De leur expliquer qu’un individu sur son lit de mort ne perd pas sa qualité d’être humain et que la mort peut être vécue avec dignité. Qu’il y a d’autres façons de mourir que de se faire égorger à coups de machette quelque part dans des marécages ou dans la jungle.
Le coût d’un séjour d’un jour à l’hospice est environ 12 EUR par patient. En faisant un tel don en faveur de l’établissement à Kabuga, vous passez à ses patients, souvent souffrants et abandonnés, le message suivant : « Ne vous inquiétez pas. Nous sommes là pour vous soulager ».
S’il est impossible d’empêcher la mort de nos patients, nous pouvons permettre à des malades en phase terminale de SIDA d’échapper à la faim et à la douleur. Notre tâche est simple. Comme le destin et la maladie ont transformé la vie de nos protégés en enfer, en les accueillant dans notre hospice, nous voulons leur rappeler que la destination ultime de l’homme est bien le ciel.